La nuit, j’allaite ou je dors ?!

 

L’allaitement la nuit est souvent une source de grands questionnements parce qu’il affecte notre sommeil, et du coup, nos journées. L’autre facteur est le fait que cette perturbation dure, non pas une seule nuit, mais bien plusieurs mois.

Alors viennent les questions : quand est-ce qu’on arrête d’allaiter la nuit ? À quel âge un bébé fait-il ses nuits ? Mon bébé a-t-il encore faim la nuit ?

Les 6 à 8 premières semaines servent à mettre en place la production de lait. Au terme de cette période, la production s’ajuste à la demande du bébé. Pour arriver à cela, il faut une stimulation optimale pendant cette période cruciale. Cette stimulation se fait d’une part par l’allaitement à la demande, ou plutôt à chaque réveil du bébé. Ensuite, il est important pendant cette période de ne pas introduire suce ou biberon qui réduisent le temps que le bébé passe au sein. Enfin, on sait que la prolactine est plus secrétée lors des périodes de repos et donc la nuit. L’allaitement nocturne va donc stimuler la sécrétion de cette hormone. Si la stimulation est insuffisante les premières semaines, nous observons parfois une baisse de production par la suite, baisse qui peut faire en sorte que le bébé ne prenne plus assez de poids, que l’allaitement exclusif soit compromis ou que la durée de l’allaitement soit réduite. Et c’est plus difficile d’y remédier après les premières semaines. L’investissement du départ en vaut la peine !

Maintenant, si nous regardons du côté du bébé, son estomac est petit et doit donc être rempli fréquemment car il ne peut contenir de grosses quantités. Aussi, le lait maternel est digéré rapidement tellement il est bien adapté au système digestif du bébé. Il faut penser également que le bébé était nourri de façon continue pendant 9 mois par le cordon ombilical et qu’il ne peut pas passer d’une alimentation continue à une alimentation à horaire fixe du jour au lendemain. Cet apprentissage se fait sur plusieurs mois comme tous les apprentissages. L’allaitement à la demande et nocturne répond parfaitement à ce besoin d’adaptation.

 

 
L’autre point est que le cerveau du nouveau-né est immature et donc son sommeil également. Les courtes périodes de sommeil le protègent contre le Syndrome de la Mort Subite du Nourrisson (SMSN). En effet, la respiration du nouveau-né n’est pas encore régulière. Le bébé fait de l’apnée pendant son sommeil. Un nouveau-né, qui se réveille souvent, se protège contre ces périodes d’apnée. C’est un réflexe de protection. L’allaitement nocturne répond à ce besoin. D’ailleurs, l’allaitement est un des facteurs qui diminue les risques du SMSN. Pour résumer, le nouveau-né a besoin de se réveiller souvent pour sa survie, pour se nourrir et pour respirer. Ses réveils nocturnes sont donc bons et sains pour lui.  Ils sont normaux !
Mais cela n’empêche pas que ce soit difficile pour les parents, les nouveaux parents, surtout quand c’est le premier bébé. Nous sommes peu préparés à cette réalité avant l’arrivée du bébé, donc le choc est grand ! Et peut-être que nos attentes sont un peu trop élevées… Est-ce au bébé de s’adapter à notre rythme de vie ? Peut-on exiger du bébé de faire ses nuits tôt pour retrouver nos nuits, alors que tout apprentissage prend des mois à acquérir ? Ne devrait-on pas plutôt nous adapter à notre nouvelle réalité qui est d’avoir un nouveau-né avec des besoins particuliers ?
Comment ? Il ne faut pas non plus s’épuiser à la tâche.L’idéal serait de dormir en même temps que le bébé, jour et nuit.Aussi, il est important d’organiser notre environnement de sommeil pour le favoriser la nuit et l’interrompre le moins possible. Ainsi, la cohabitation est recommandée jusqu’à 6 mois au moins. Ensuite, il faut éviter d’allumer une lumière. On peut installer une veilleuse qui peut apporter assez de lumière pour voir la nuit. Pour les changements de couche, une fois que votre bébé ne fait que des pipis la nuit, vous pouvez ne plus le changer, ce qui facilitera votre sommeil et celui de votre bébé. Allaiter en position allongée peut favoriser le sommeil de la mère et du bébé aussi. Le meilleur arrangement sera celui qui permettra le meilleur sommeil à toute la famille tout en étant sécuritaire pour le bébé. À vous de trouver le vôtre !
Allaiter la nuit perturbe bien moins votre sommeil que de donner un biberon. Et pour les papas qui se proposent à donner le biberon la nuit pour que leur conjointe se repose, c’est très gentil, mais cela ne favorise ni l’allaitement ni le sommeil ! Vous pouvez aider autrement, en changeant la couche et en apportant le bébé à votre conjointe, en berçant bébé s’il a plus de difficulté à s’endormir….
Jusqu’à quand faut-il allaiter la nuit ? Il n’y a pas de réponse précise à cette question. Chaque cas est unique et mérite une réflexion. Vous êtes épuisée d’allaiter la nuit ? Consultez et parlez-en à une marraine d’allaitement, à une consultante en lactation qui vous aideront à trouver votre équilibre, votre zone de confort à ce sujet. La solution n’est pas toujours d’arrêter l’allaitement la nuit….
Et vous, quels arrangements vous ont aidé pour la nuit ?

Marie-Caroline Bergouignan

Consultante en lactation IBCLC

Au service de votre allaitement

www.sosallaitement.com

514-967-6206

 

Vos ressources

–       « Bien vivre l’allaitement » de Madeleine Allard et Annie Desrochers, 2010

–          « Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans » de l’Institut national de santé publique du Québec

http://www.inspq.qc.ca/MieuxVivre/consultation.asp

–          « Être parent le jour…et la nuit aussi » du Dr William Sears, Ligue La Leche, 1992

–          « Sleeping withyour baby : a parent’s guide to cosleeping »de James McKenna, 2007

http://cosleeping.nd.edu

http://www3.nd.edu/~jmckenn1/lab/

–          Infant Sleep Information Source website

http://www.isisonline.org.uk

Bibliographie

–       « Breastfeeding, a guide for the medical profession » de Ruth A. Lawrence et Robert M. Lawrence, 2011

–       « Breastfeedinganswers made simple »de Nancy Mohrbacher, 2010

–       « Éveils et compétences du nouveau-né. Les rythmes neurologiques et alimentaires du nouveau-né et leur évolution » d’Ingrid Bayot, 2006

 

Vous pouvez diffuser et partager cet article sans autre permission, à condition qu’il soit utilisé exclusivement dans son intégralité et dans des contextes où le « Code International de commercialisation des substituts du lait maternel » de l’OMS est respecté. Ce texte de Marie-Caroline Bergouignan, Consultante en lactation, IBCLC, a été commandité par Momzelle inc. Cette mention est considérée faisant partie intégrante du texte et devra donc faire partie de la diffusion.

 


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